UN ARTISTE QUI RESTE LIBERTAIRE
Pour ceux qui ne le savent pas, je suis un artiste de l’art brut, attaché à l’art préhistorique, à l’art traditionnel et qui ne prends pas en considération la qualité industrielle dans mon travail. Et le plus important, c’est que je suis un libertaire. Cela dit, je ne vis pas selon des valeurs du système. La fiabilité de qualité de production industrielle, quel que soit le produit, n’est qu’une illusion aussi que le système lui-même.

LE PROGRÈS FAIT-IL PARTIE DE L’ART ?
Ce que l’on appelle le progrès, qui n’est associé qu’à notre espèce, est une croyance inventée par l’homme sédentaire pour se faire passer pour un être vivant suprême. C’est une association trompeuse qui espère vainement remplacer l’évolution. C’est une pure absurdité.
Depuis la préhistoire, l’art n’a pas progressé, il s’est seulement diversifié, nécessairement adapté à cette illusion du progrès et surtout, malheureusement, finalement intellectualisé. En ce sens, l’art a perdu sa véritable identité.
La vie, au niveau biologique, n’est ni ce que nous pensons, ni ce que nous vivons au niveau social ou personnel ; l’évolution qui a lieu sur terre tourne autour de lois physiques, pas de croyances.
L’intellectualisation de l’art par le soi-disant progrès est une autre indication de la déficience mentale de l’homme (un animal), une espèce dite moderne qui fonctionne culturellement et non biologiquement. Un mode de pensée qui ne profite qu’à une seule espèce ne signifie rien, car cette espèce vit sur cette Planète avec toutes les autres espèces. L’art n’est qu’une des victimes de ce mode de pensée. L’art n’a pas besoin de croyances pour exister.

D’OÙ VIENT LA QUALITÉ DU TRAVAIL D’UN ARTISTE ?
Non seulement je rejette la qualité industrielle que la plupart des artistes et des amateurs d’art recherchent dans l’art, mais je rejette aussi et surtout le désir d’appliquer (ou d’imiter ?) cette illusion dans une œuvre. Il ne m’est pas difficile de dire que je suis fier du fait que mon travail est presque entièrement fait à la main, et je suis également fier du fait qu’aucune de mes œuvres ne sera jamais parfaite en termes d’exécution, que mon travail sera toujours imparfait. Je pense qu’il n’est pas vraiment nécessaire de souligner que les imperfections font également partie du processus créatif et de la recherche artistique. Les imperfections signalent honorablement que le résultat final de l’œuvre est réalisé par un être vivant, et non par une sorte de machine. Il est essentiel d’en être conscient, car l’illusion du progrès est renouvelée par cette histoire d’intelligence artificielle.
Tous les artistes sont des artisans et très peu d’artistes sont des intellectuels qui voient ce qui se passe autour de nous. En tant qu’artiste intellectuel, j’ai la responsabilité de rester libertaire.
Dans mon travail, presque tout est stylisé, même les lignes, les points, les divisions de couleurs, etc : la perfection de l’unicité, de l’originalité et de la créativité. C’est de là que vient la qualité de mon travail.
POUR QUI PRODUIT-IL UN ARTISTE ?
Bien sûr, un artiste professionnel produit toujours pour les collectionneurs d’une manière ou d’une autre, même si ce n’est pas son intention, mais cela ne signifie pas que son travail n’est pas destiné aux gens. Personnellement, en tant qu’artiste, je travaille pour les collectionneurs d’une certaine manière, et en même temps, en réalité, mon travail s’adresse spécifiquement aux gens, disons aux gens ordinaires. Parce que je suis plus proche des gens ordinaires que des collectionneurs.
Je sympathise toujours facilement avec mes acheteurs et/ou les personnes qui apprécient mon travail, mais ce n’est jamais par flatterie. Je sais qu’apprécier le travail d’un artiste, c’est l’apprécier, c’est aussi simple que cela.

Je suis un artiste et inévitablement aussi un homme d’affaires, mais pour moi, en tant que libertaire, le second ne prend jamais le pas sur le premier.
Hakan Portakal 11/ 2024


